L’art du Japon au Musée

Kakemono

   Kakemono – Japon

   Époque d’Edo

   Couleur sur papier monté sur soie

La collection initiale, offerte par J. Jacquiot proposait au public ce superbe kakemono, des estampes japonaises et quelques objets anciens de grande qualité. Elle s’est vue complétée par des œuvres offertes par Mme et M. Granger, Mme Bichsel et enfin, les deux importantes donations de M. Raymond Joly-Clare. M. Chancelier s’est rendu au domicile du donateur pour collecter la première donation, je me suis chargée de la seconde en me rendant aussi près de Senlis. Lors de ma visite, M. Joly-Clare avait vaguement évoqué un projet de donation, pour le Musée, du contenu de l’atelier qu’il m’avait fait visiter : des milliers de projets de médailles en plâtre, des croquis, des ébauches, des statues…Il avait été grand Prix de Rome, Graveur honoraire à la Monnaie de Paris, un grand artiste. Mais que faire de cette masse de documents ! Personne n’a donné suite à ce projet qui n’avait été évoqué que verbalement..

Les œuvres de la donation de J. Jacquiot ont été documentées par Mme Monique Crick pour le catalogue du Musée. Celles des donations de M. Raymond Joly-Clare ont été inventoriées par mes soins après que j’eus sollicité les conservateurs du Musée Guimet pour une documentation scientifique.  Mme Keiko Omoto, Conservatrice en charge des documents manuscrits au Musée Guimet a bien voulu faire les recherches nécessaires sur les livres anciens tandis que les estampes ont été documentées par Mme H. Bayou et Mme Schwartz, conservatrices du Musée Guimet.

La collection d’art japonais présente quelques objets témoins de grande qualité, invitation au voyage vers ce pays lointain, invitation à remonter le temps. Dans l’introduction du catalogue, Mme Danièle Eliseeff, professeur d’art extrême oriental à l’Ecole du Louvre écrivait « les objets sont des concentrés de civilisation et parlent au nom des hommes ». C'est du japon du 17è au 19è siècle que ces objets et ces estampes vont nous parler.

L’une des plus belles œuvres de cette collection est certainement ce kakemono offert par J. Jacquiot. Il est daté du début du XIXè siècle, Époque d’Edo. Réalisé en couleurs sur papier monté sur soie, il est l’œuvre d’un artiste de la région d’Osaka. C’est le portrait d’une élégante jeune femme, vêtue de plusieurs kimonos de soie damassée qui se retourne élégamment. La haute coiffure met en valeur la simplicité des traits.

Les plus renommés des artistes de l’époque d’Edo et de l’époque Meiji sont présents dans nos collections. C’est ainsi que nous pouvons exposer des œuvres de :

  • Kitagawa Utamaro (1753-1806). Considéré comme un des plus grands artistes de l’ukiyo-e, Utamaro nous offre des images aux coloris subtils, où la beauté féminine se pare de lignes souples et élégantes.
  • Toyokawa Yoshikuni (actif entre 1803-1840). Artiste de l’École d’Osaka, Yoshikuni privilégie le thème des portraits d’acteurs. Le graphisme est important dans ses œuvres. Dessinateur mais aussi poète, il quittera le monde de l’estampe pour se consacrer à un cercle poétique.
  • Utagawa Kuniyoshi (1897-1861). Élève de Toyokuni, il est l’un des plus grands artistes de la période d’Edo. Il doit sa célébrité à ses portraits de héros. Son style dynamique, très personnel, s’exprime pleinement dans les thèmes fantastiques ou inspirés de la mythologie et de l’histoire. Portraits de jeunes femmes,  scènes de genre,  paysages et des animaux sont aussi présents dans son répertoire.
  • Toyota Hokkei (1780-1850). Élève du grand Hokusaï, il devient célèbre pour l’illustration de surimono, estampes destinées à des cercles poétiques.
  • Utagawa Toyokuni (1769-1825). Ses portraits d’acteurs dont nous pouvons présenter quelques exemples lui vaudront rapidement un grand succès. Son style aux lignes très amples, aux coloris francs, exprime pleinement la force et la puissance du jeu théâtral des personnages qu’il évoque.
  • Utagawa Hiroshige (1797-1858). Maître du paysage de l’ukiyo-e, Hiroshige s’attache à décrire avec une sensibilité remarquable l’atmosphère du lieu qu’il évoque. Parmi les plus célèbres de ses séries d’estampes citons « Lieux célèbres de la capitale de l’Est » ou « 53 étapes de la route du Tokaïdo ». Fleurs, oiseaux et poissons sont également présents dans son répertoire. Il se dégage de ses œuvres une certaine poésie, d’ailleurs il accompagne très souvent ses estampes de courts poèmes en rapport avec le sujet.

Des livres anciens, réalisés à la même époque et selon la même technique côtoient ces estampes. En effet, au Japon, la technique de la xylographie dominera l’imprimerie à partir du XVIIe siècle. De grands artistes ont participé à l’illustration de livres dont la variété des sujets n’a d’égale que la richesse des images. Parmi ces livres offerts par Raymond Joly-Clare citons :

- Un recueil illustré par , , XVIIIè siècle, époque d’Edo. Ce livre était destiné à l’initiation au dessin.
         - Un Mon Tcho -recueil d’armoiries -Des inscriptions en lettres européennes et les cachets de noms à désinence portugaise le daterait du XVIè siècle.
         - Un livre illustré par Yoshitora Utagawa daté 1868. Troisième tome des exploits des guerriers célèbres.
         - Un recueil de dessins daté XIXé siècle. 19 planches proposent des décors floraux et animaliers d’une grande poésie
         - Un livre signé Kunisada II (1823-1880) illustre une pièce du théâtre Kabuki qui relate la fidélité jusqu’à la mort des 47 Ronin.

Quelques objets d’un grand intérêt complètent cette collection : services de porcelaine de l’époque Meiji, pots à pinceaux, sculptures d’ivoire, pierres de Lahar, deux masques du théâtre « No » dont l’un a été offert par la Société des Amis du Musée.

Michèle JURET

Extrait de « Le Musée Josèphe Jacquiot, Montgeron »

Toyokuni

Utagawa Toyokuni 

Époque d’Edo, Acteurs du théâtre Kabuki

Utagawa

Utagawa Hiroshige – Époque d’Edo

« Lieux célèbres de la capitale de l’Est » 

Date de dernière mise à jour : 25/03/2024