La Collection de médailles

La collection de médailles réunie par J. Jacquiot et répertoriée par ses soins dans le catalogue comportait à l’origine 478 artéfacts. Elle s’est depuis enrichie des exemplaires retrouvés dans sa demeure lors de nos recherches.  Par ailleurs, Monsieur Alain Josse avait sollicité les municipalités de France, afin qu’elles offrent au Musée chacune un exemplaire de la médaille emblématique de leur ville. A la suite de cette demande, sont arrivées plusieurs centaines d’artéfacts, preuve s’il en était besoin de l’immense intérêt pour les villes de figurer dans le cadre de cette « histoire métallique » contemporaine.

Helios

Personne, mieux que Josèphe Jacquiot ne pourrait évoquer cet art de la médaille, nous imprégner de la profondeur des idées exprimées par les artistes dans ces œuvres.   Reprenons ici quelques extraits de ce qu’elle écrivait :

«  L’art de la médaille est l’art vrai d’une humanité qui a vécu, et qui vit ; art d’une beauté toujours différente, et renouvelée, mais aussi pénétrée d’un pathétique certain quand sur la plupart de ces médailles nous savons y reconnaitre des âmes humaines douées de vie et de passion. Alors ne passez pas indifférent devant chacune de ces médailles en jetant seulement un regard ; mais pénétrez-vous de leurs secrets. Chaque médaille est une réalité de l’Histoire du Monde qui embrasse l’Eternité .

 L’analyse des rapports qui existent entre l’avers et le revers d’une médaille, c’est-à-dire entre, la composition figurée et le sens narratif de ces œuvres, n’ont que très rarement retenu l’attention des historiens de l’art, et des historiens. Et pourtant, nulle pensée pleine et réelle, n’existe sans s’incarner dans une image qui soit à la fois forme et symbole. C’est en cela que la médaille est le monument par excellence qui garde les pensées et les fixe dans une matière durable, tandis qu’elle multiplie les signes propres à rappeler le souvenir des êtres et des évènements.

  En France, dès sa création en 1444, la médaille fut investie d’un rôle précis, imposé par l’autorité du prince régnant, qui exigea que celles-ci soient non des œuvres nées de l’imagination de l’artiste, mais qu’elles soient des instruments au service de sa politique et de sa gloire. Aussi les devises, au revers de chaque médaille, allégorie et légende, étaient composées, soit par des poètes, soit par des écrivains, soit par des historiens, tous dévoués à l’autorité royale. C’est que toute médaille au moyen des devises était comme la réaffirmation du pouvoir et de l’ordre existant, sous sa forme de message, dont la valeur de l’œuvre était absolue et durable. Le thème même de l’allégorie, dans son symbolisme narratif, confirmait comme une docilité réciproque entre la pensée exprimée et la matière utilisée, car les médailleurs bien que contraints d’exécuter  des thèmes imposés, restaient maîtres d’exprimer, dans la perfection technique, la maîtrise de leur talent.

  Quelques exemples nous invitent à nous arrêter et à méditer devant ces évocations de l’Ancien et du Nouveau Testament dont chaque médaille, chaque plaquette est l’œuvre d’un artiste de grand talent, dont la main douée d’adresse manuelle, cette « intelligence digitale », fut guidée par un mysticisme secret où il fait revivre pour lui et pour nous la puissance de la foi en l’Eternel, qui est secours et espérance. La richesse iconographique des portraits qui vous sont présentés, doivent nous rappeler que, en vérité, chaque médailleur est un écrivain, car c’est sous la forme d’une pensée traduite en image qu’il reconstitue l’homme dans sa réalité physique et morale ; cette réalité qui est inspirée par l’œuvre même de celui dont il grave le portrait, que ce dernier soit historien, poète, romancier. La plastique atteint à une double vérité : vérité physique, et vérité intellectuelle et morale. »

  Extrait de "Le Musée Josèphe Jacquiot, Montgeron – Voyage dans le temps"

  Par Michèle Juret

Date de dernière mise à jour : 20/01/2024