Le Chanoine Etienne Drioton à Montgeron.
A son retour d’Egypte en 1952, Etienne Drioton est accueilli par ses cousines Marguerite et Josèphe Jacquiot. Elles lui proposent d’occuper une petite maison mitoyenne de la leur. C’est ainsi qu’il vivra à Montgeron jusqu’à sa disparition le 17 janvier 1961.
Cet article d’une journaliste, venue l’interviewer sur le théâtre égyptien, évoque notre égyptologue dans cette demeure de la rue des Plantes à Montgeron.
Extrait de la Revue des Deux Mondes - 15 mars 1961
« Le Théâtre antique égyptien »
« La disparition au début de cette année du chanoine Etienne Drioton a été douloureusement ressentie par ses amis, ses confrères, ses élèves, mais aussi par tous ceux qui avaient eu le privilège de le connaitre un peu.
Pour ma part, je ne saurais oublier la maisonnette de Montgeron, la clochette de la porte, l’escalier par lequel on montait, entre les tentures et les cuivres d’Orient, vers lui qui tendait les mains, son chien à ses pieds. Dans le bureau plein de tapis et de livres, dans la fumée d’innombrables cigarettes, il écoutait, il répondait, jamais lassé, toujours bienveillant, souriant.
Il m’avait expliqué la double et précoce vocation de prêtre et d’égyptologue, et, dès ma première visite, il m’avait parlé, avec flamme, du sentiment de la grâce dans la piété des anciens Egyptiens, ceux-là même que l’on disait si idolâtres.
Il était gai et contait volontiers des anecdotes pittoresques du temps où il était au Caire, Directeur général du Service des Antiquités. Mais surtout il me parlait de ses découvertes concernant le théâtre antique égyptien. Indulgent, mon étonnement l’avait amusé.
Ah ! vous croyez, selon l’axiome généralement admis, que l’Egypte a connu tous les genres littéraires, sauf le théâtre ?
Il avait alors approuvé mon projet de consacrer un article à ce théâtre au temps des pharaons, très peu connu encore, et ressuscité par lui de façon si vivante que la radio suisse put un soir en mettre en ondes et en diffuser quelques scènes d’une intensité dramatique et d’une poésie saisissante…
Le chanoine Drioton a occupé au Collège de France, la chaire d’égyptologie qui y a été fondée en 1831 à l’intention de Champollion. Dans sa leçon inaugurale du 3 décembre 1957 le chanoine Etienne Drioton annonçait qu’il consacrerai ce cours du mardi au théâtre de l’ancienne Egypte
Déchiffrement en 1929 de la Pierre de Sabacon, conservée au British Museum, il a permis à Etienne Drioton de retrouver dans le cours de textes déjà connus des fragments de douze pièces de théâtre et de fixer la création du drame sacré à une date entre 3 000 et 2770 av. J.-C. « C’est bien la plus ancienne littérature dramatique qui soit connue ».
Edith Mora
Date de dernière mise à jour : 10/02/2022