LES CLÉS DE LECTURE DE LA CRYPTOGRAPHIE

Autre découverte de Etienne Drioton :

 Les clés de lecture de la cryptographie égyptienne.

Cryptographie egyptienne

(Etienne Drioton « La cryptographie égyptienne » dans la Revue Lorraine d’Anthropologie, Nancy 1934 fig .4)

Il est un domaine qui jusque-là n’avait pas livré ses secrets : la cryptographie égyptienne. Certaines inscriptions présentent des anomalies, sorte d’écriture énigmatique rédigée en forme de rébus. On peut penser à une écriture secrète restée jusqu’alors indéchiffrable. Le 13 mai 1932 Étienne Drioton présente les premiers résultats de ses travaux à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il classe cette cryptographie selon trois catégories :

– La cryptographie ordinaire : elle présente l’aspect de l’écriture hiéroglyphique normale, cependant elle en diffère par le choix de caractères nouveaux ou d’aspect singulier ; ou bien encore, si ce sont des caractères traditionnels pris pour leur signification normale, ils ne donnent aucun sens au texte ; exemple la statue de Neferenpet Louvre E14241 datée XVIIIe dynastie.

– La cryptographie ornementale : elle emploie les mêmes conventions mais diffère de la précédente en ce qu’elle présente une file de personnages donnant l’impression d’une procession, à traduire comme des figurations directes ou symboliques. L’architrave de la première cour du temple de Louxor en est un exemple datant du règne de Ramsès II.

– La cryptographie thématique : elle adopte l’aspect d’un tableau ; citons le cryptogramme de Montou à Médamoud. Étienne Drioton définit les critères qui réunis permettent de déceler une inscription cryptographique. Ce sont les inconséquences de coordination, les représentations d’aspect insolite, les personnages tenant parfois en main des signes hiéroglyphiques, ou bien encore la présence de quelques signes isolés à l’intérieur d’une scène.

Il élabore un répertoire des cryptogrammes. Enfin, il rappelle les procédés utilisés par les scribes : l’acrophonie, écriture en signes normaux dont on ne retient à la lecture que la première lettre, la création de nouveaux signes, la perturbation par interversion de l’ordre de ceux-ci dans l’écriture, enfin la cryptographie thématique souvent utilisée sur les scarabées.

Dans ces sortes de rébus, certains signes hiéroglyphiques perdent leur signification initiale tandis que d’autres prennent une forme inhabituelle.

Des documents enfouis dans les fondations du sanctuaire d’Harpocrate au Sérapéum d’Alexandrie confirment cette découverte. Ce sont des plaques dédicatoires qui comportent une inscription bilingue. La dédicace de Ptolémée IV y paraît en écriture grecque, la traduction égyptienne est rédigée en écriture cryptographique.  

Etienne Drioton publiera environ 25 articles scientifiques sur ces travaux, sans compter ses études sur les inscriptions des scarabées dont certaines rejoignent la cryptographie.

Michèle Juret

(Extraits de « Etienne Drioton, l’Egypte, une passion » par Michèle Juret - Edition Gérard Louis - Haroué 2013)

 

Pour plus d'informations sur les principes de la crytographie égytienne rendez vous sur :  

https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1953_num_97_3_10159

Ci-dessous : le lien vers l'une des publications d'Etienne Drioton sur la cryptographie :

https://www.nakala.fr/nakala/data/11280/53dc2db9

 

Date de dernière mise à jour : 30/03/2020