PASSEUR d’HISTOIRE !

Connaissez-vous Montgeron ? Cette petite ville du sud-est de l’Essonne occupe le versant ouest de la vallée de l’Yerres. Située à 17 km au sud de Paris, elle s’étend sur 1 122  hectares dont 480 sont constitués de forêt : la magnifique forêt de Sénart. L’ancien château, datant de Louis XIV a été détruit. De l’ancien domaine il reste le vaste parc, devenu aujourd’hui celui du lycée Rosa Parks, ainsi que la grande allée verte bordée d’arbres qu’empruntaient les chasses royales pour aller en forêt, aujourd’hui dénommée « L’Avenue de la Grange ». Elle est bordée d’élégantes propriétés et les Montgeronnais en font volontiers le but de leurs promenades dominicales.

Quelques familles sont installées à Montgeron depuis plusieurs générations. Elles s’y sentent « enracinées » et beaucoup témoignent d’un certain attachement au passé. On peut encore goûter ici une ambiance « ville de province » où il fait bon vivre. Certaines grandes demeures rappellent encore son histoire. Au XIXe siècle, bien que surtout composée d’habitations simples d’artisans, de vignerons et de cultivateurs, Montgeron devient un lieu de repos et de villégiature pour certaines riches familles parisiennes, attirées par le calme de la campagne, la vie rurale et la proximité de la forêt de Sénart. Elles y font bâtir de grandes maisons bourgeoises entourées d’un vaste parc. Certaines de ces demeures sont parvenues jusqu’à nous. Citons le château bâti par la marquise de la Grange. Évoquons encore le Moulin de Senlis. Il a grand besoin d’être restauré mais son passé fut prestigieux. Il fut transformé au XIXe siècle en magnifique demeure à l’aspect néo-gothique, avec un porche surmonté d’un arc brisé et l’ajout d’une tour ronde coiffée d’un toit d’ardoises. Il reçut de nombreux artistes : François Coppée, Leonetto Cappiello, Giacomo Puccini. Le Château de Rottenbourg et son parc, propriété de la famille Hoschedé, accueillirent Claude Monet, invité pour réaliser quelques toiles destinées à la décoration des salles de réception. C’est ainsi que son célèbre tableau « Les dindons » (1876) eut pour cadre le parc du château. Autre belle demeure du XVIIIe siècle, « Le Moustier » fut celle du peintre Carolus Duran. Il y avait son atelier. Le « Domaine des Prés », aujourd’hui Institution Sainte Thérèse, fut le siège de l’ancienne capitainerie royale des Chasses de Sénart. Citons encore le château de Chalandray qui possédait aussi un vaste parc vendu en lotissement vers 1849. Il accueille aujourd’hui l’École municipale de musique et de danse. Il y a quelques années, l’on pouvait encore évoquer la propriété du Général Lelong. Son parc est aujourd’hui ouvert au public. De nombreux artistes furent attirés par notre ville : Adrien et Virginie Demont Breton s’y étaient installés dans une grande demeure bourgeoise rue de Chalandray. Jules Michelin, aquafortiste, venait régulièrement se ressourcer et travailler dans la maison que sa famille possédait depuis plusieurs générations. De même Paul Flandrin puisait dans l’environnement champêtre de la plaine de l’Yerres les thèmes de ses œuvres picturales. Cette vie artistique et culturelle perdure aujourd’hui grâce aux structures de la ville. La fondation du premier lycée pilote mixte de France en 1946 par Josèphe Jacquiot, l’a marquée de façon décisive. Implanté dans un vaste parc, il sera pour des générations un creuset culturel. Puis Josèphe Jacquiot crée le musée de Montgeron en 1993. Il s’inscrit dans la continuité de son action. Ce projet verra le jour grâce à l’adhésion d’Alain Josse, Maire de la Ville et Conseiller Général de l’Essonne.

C’est donc l’une de ces grandes « demeures de maître », sise au 64 avenue de la République, qui abrite le Musée Josèphe Jacquiot. Probablement construite vers le début du XIXè siècle, elle s’inscrit dans le passé de notre ville. Elle fut habitée de 1836 à 1852 par le général François Doumerc, baron de l’Empire, puis de 1857 à 1865 par Édouard Frémy, directeur du Museum d’Histoire Naturelle de Paris. Elle a appartenu ensuite à la famille Châlon. Mme Marguerite Châlon en fit don en 1961 à l’Œuvre des Apprentis d’Auteuil. Enfin, en 1978, la commune sous l’impulsion de son Maire M. Jean Hardouin en fait l’acquisition. Elle est alors en très mauvais état et d’énormes travaux de réfection s’imposent. Ils furent réalisés parallèlement à l’aménagement du Musée. Sa situation privilégiée au cœur de la ville en fait un lieu tout désigné pour l’abriter.

Entrons dans la propriété, poussons la lourde porte de la grille. Alliant élégance, raffinement et sobriété la demeure est précédée d’une cour agrémentée à droite d’un superbe pigeonnier. A gauche de cette cour s’organisaient face à face la maison du gardien et les anciennes écuries qui abritaient jadis les attelages. Elles servirent ensuite de garages, puis furent aménagées pour devenir l’Office du Tourisme de Montgeron, devenu Entente Culture Loisirs Accueil Touristique (E.C.L.A.T). Mais entrons dans la maison principale. Un escalier central permettra l’accès aux étages. Le sol de l’entrée a gardé les mosaïques d’origine. De part et d’autre, les vastes salles éclairées par de hautes fenêtres nous plongent dans cette ambiance raffinée des belles demeures du début du XIXe siècle : murs lambrissés, plafonds ornés de stuc, cheminées de marbre, larges portes moulurées, parquets de chêne. Traversons les salles vers la grande véranda. Elle donne sur le magnifique parc de la propriété, dénommé parc Jean Rostand, écrin de verdure qui se veut havre de paix. Aujourd’hui, après rénovation, le rez-de-chaussée est réservé à des expositions temporaires, souvent d’artistes locaux.

Les salles du musée et les réserves occupent les deux étages.

Michèle JURET

Extrait de « Le Musée Josèphe Jacquiot, Montgeron »

Voyage dans le temps – Sur les traces d’Etienne Drioton

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Date de dernière mise à jour : 13/05/2024