L'AMULETTE NEFERTOUM
L’amulette Nefertoum
N° d’inventaire : 2007.2
Dimensions de l’objet Haut 10 cm.
Datation : Basse Époque
Cette grande amulette, façonnée en très belle faïence à glaçure bleue, représente le dieu Néfertoum. Bien que les jambes aient disparu nous voyons qu’il est représenté debout, bras le long du corps. Il est coiffé d’une perruque tripartite à glaçure noire dégageant l’oreille et surmontée de son emblème, une fleur de lotus bleu épanouie d’où sortent deux hautes plumes. Cette coiffure est traditionnellement flanquée de deux contrepoids de collier ménat (emblème de la déesse Hathor) qui semblent représentés ici mais restent difficilement identifiables. Son visage est muni de la barbe divine. Il est vêtu d’un pagne court rabattu vers sa droite évoquant traditionnellement la chendjyt royale. Cette œuvre a été acquise en vente publique Tajan à Paris le 13 avril 2007 sur les fonds provenant du legs Josèphe Jacquiot. Elle provient d’une ancienne collection suédoise constituée vers 1920, avant d’entrer dans la collection Tackholm puis dans celle du Musée Josèphe Jacquiot.
Néfertoum, dieu de Memphis, à la période tardive est considéré comme le Fils du dieu Ptah et de la déesse Sekhmet. Ils forment ensemble la triade memphite. Il est le seigneur des parfums, c’est pourquoi il est représenté coiffé d’une fleur de lotus bleu (nymphéa Cerulea). Il semble qu’il personnifie plus le doux parfum de ce lotus que la fleur elle-même. Cette iconographie est la plus courante mais il peut être représenté sous huit formes différentes. Il peut adopter celle d’une momie léontocéphale, d’un lion terrassant un ennemi ou encore d’un taureau, sa filiation avec Sekhmet lui conférant un caractère guerrier1.
La symbolique du lotus bleu est en connexion étroite avec le soleil. C’est de cette fleur sortant de l’océan primordial, le Noun, que surgit le premier soleil au premier matin du monde. Une émouvante statuette en calcaire polychrome représente le jeune Toutankhamon émergeant d’une fleur de lotus, telle l’apparition de l’astre solaire au premier matin du monde, symbole de la naissance de l’astre pourvoyeur de vie, symbole de renaissance pour le jeune pharaon. Elle illustre le chapitre 81 du Livre des Morts (Livre pour sortir le jour) : « Chapitre de faire la transformation en lotus » « Je suis un lotus pur sortant d’entre les lumineux [...] Je suis un lotus pur issu des champs du soleil »2 Avec cet artéfact on retrouve dans le galbe du crane du jeune souverain la dolichocéphalie qui prévaut dans l’art d’Amarna ; effet stylistique témoignant d’une rupture avec l’art traditionnel.
Et puisque nous avons cité ici la déesse Sekhmet, pourquoi ne pas évoquer une amulette à son effigie, présente dans les collections du Musée Josèphe Jacquiot. Beaucoup plus modeste en taille que la précédente, elle n’en est pas moins d’un grand intérêt. Cette Sekhmet sous forme humaine léontocéphale a enrichi les collections grâce à la donation Colonna Ceccaldi qui comprenait aussi deux têtes sculptées dans la pierre dont l’une est assurément royale. A ces artéfacts on peut aussi ajouter une lampe à huile datée Ve siècle, provenant du monastère de Baouît.
© Marie Grillot
Michèle Juret
Ex-Conservatrice du Musée
1 Jean-Pierre Corteggiani, « L’Égypte ancienne et ses dieux », ed. Fayard, Paris 2007, p. 359-360.
2 Paul Pierret « Le Livre des Morts des anciens Égyptiens » ed E. Leroux, Paris 1882, p. 254.
Date de dernière mise à jour : 11/10/2024