SES ETUDES SUR LES INSCRIPTIONS DES SCARABEES

 

Etudes sur les inscriptions des Scarabées

    Les résultats de ses recherches sur la cryptographie permettent à Étienne Drioton d’aborder la traduction de certaines inscriptions gravées sur le plat de scarabées, restées mystérieuses jusqu’alors. Dans son projet d’enseignement au Collège de France il propose de traiter ce sujet. En effet, depuis son retour en France, entre autres travaux il établit un fichier des nombreux exemplaires qu’il a pu observer ; énorme et minutieux travail de classement, d’analyse, de comparaison et de décryptage. Parmi eux il a eu le privilège d’observer les 5 760 exemplaires de la donation Fouad I er au musée du Caire ainsi que ceux appartenant au roi Farouk auxquels s’ajoutent pour son étude d’autres collections. Il faut souligner que l’intérêt qu’il porte à ces amulettes est bien antérieur à son retour en France, plusieurs publications en témoignent.

    Parmi ses découvertes en lien avec la cryptographie, nous avons évoqué plus haut les trigrammes d’Amon. Ces petites amulettes peuvent porter d’autres inscriptions : le nom et les titres de son propriétaire, celui d’un roi, des emblèmes ou bien encore des formules exprimant des vertus morales. Citons pour exemple celle-ci : « Mieux vaut la paix du cœur que la colère » 1  . Ces courtes sentences peuvent prendre une connotation politico-religieuse : « C’est le favori de Dieu celui qui aime Thèbes » 2 , peut-on lire sur l’un de ces petits monuments alors qu’une rivalité s’était installée entre Thèbes et Tanis.

    D’autres encore, souvent rédigées en écriture cryptographique, proposent à la lecture des maximes religieuses exprimant les croyances personnelles, l’amour du Dieu ou des dieux. Leur traduction se révèle extrêmement précieuse car elles éclairent la connaissance sur la religion égyptienne non inscrite sur les monuments.

    Étienne Drioton y retrouve des formules dédiées à une divinité nommément désignée, « Amon est ma protection », « Ptah aime tous ceux qui l’aiment » mais aussi des formules dédiées à Dieu sans utilisation du pluriel et sans qu’aucun nom soit précisé : « Ce qui n’existe pas encore est dans la main de Dieu », « Dieu est la protection de ma vie ». Ceci peut s’adresser également à un dieu nommé. Ceci pour le savant ouvre des voies nouvelles. Afin d’être certains de ne pas trahir sa pensée, reprenons ce qu’il écrit à ce sujet : « Le Dieu de la piété égyptienne, d’après les sentences gravées sur les scarabées, était bien la Divinité suprême et toute-puissante qui régit le monde ». Suivent plusieurs exemples dont celui-ci : « Tous les événements sont dans la main de Dieu » (coll. de S.M. Farouk) […] La connaissance de ce Dieu n’exemptait pas ses fidèles de partager avec leurs contemporains le sentiment, si puissant à toutes les époques dans toutes les classes de la société égyptienne puisque les textes religieux y soumettaient même les dieux, de la nécessité d’une protection constante contre les ennemis, contre la maladie, contre les accidents. Seulement, tandis que le vulgaire demandait cette protection à des rites et à des pratiques de sorcellerie, les sentences des scarabées s’élèvent plus haut et elles proclament, en formules diverses, que c’est Dieu même ou tel dieu, qui assure la protection désirée » 3 .

Michèle Juret

Extrait de « Etienne Drioton, l’Egypte, une passion » ed G. Louis, Haroué 2013

1 « Maximes morales sur des scarabées égyptiens », Extrait de Hommages à Waldemar Deonna, coll. Latomus, vol. XXVIII, Bruxelles 1957, p. 197-202,

2 « Scarabées à maximes » dans Annales of the Faculty of arts Ibrahim Pacha University, I, Le Caire 1951, p. 70.

3   Ibid, p. 59-60.

 

 

Date de dernière mise à jour : 04/08/2023