Le Dieu Bes

 

LE DIEU BES

 

Terre cuite hauteur 31 cm

Epoque romaine, 30 Av J.C-  337 ap. JC

Provenance Alexandrie

 

Acquisition 2005 – fonds provenant du legs J. Jacquiot

Bès[1] est une divinité protectrice. Il éloigne des hommes les influences malignes, les êtres malfaisants, les reptiles et, comme la déesse Touéris, il protégeait plus particulièrement les femmes en couches.

Très populaire, Bès apparaît traditionnellement sous la forme d’un gnome difforme à tête léonine, hirsute, grimaçant, vêtu d’une peau de panthère et coiffé d’un modius surmonté de hautes plumes. Il peut apparaître, comme ici, sous un aspect vengeur, brandissant un glaive et tenant un bouclier. Il peut aussi susciter la joie et danser ou s’accompagner d’un instrument de musique : harpe ou tambourin.

A partir du Nouvel Empire Bès est très représenté sur les objets et le mobilier de la vie quotidienne – vases, lits, chevets. On le rencontre couramment dans les maisons de Deir-el-Médineh en protecteur du foyer et probablement des naissances. Mais on le rencontre aussi dans l’iconographie royale, protégeant la naissance d’Hatchepsout à Deir el-Bahari par exemple, ou dans la décoration palatiale, à Malqata, palais d’aménophis III[2].  Nombre d’amulettes sont à l’image du dieu Bès.  La période Ptolémaïque  voit son effigie couramment entrer dans les temples et notamment orner et protéger les mammisis.

Avec cette superbe terre cuite nous avançons dans le temps, nous sommes à la période romaine. Bès est ici représenté sous son aspect combattant ; bien que légèrement endommagé, on reconnaît le glaive qu’il brandit. Ce qui pourrait paraître paradoxal est sa tenue vestimentaire évoquant un légionnaire romain. Mais cet aspect particulier est intéressant, il témoigne à la fois de l’attachement de l’Egypte à ses divinités traditionnelles et d’une évolution de l‘iconographie, due aux aléas de l’histoire, ici  la conquête romaine.

Petite anecdote : comme pour « connecter » notre collection aux archives d’Etienne Drioton, une effigie du dieu Bès dansant et tenant en main des bouquets de fleurs de lotus, subsiste au temple de Médamoud où le chanoine Drioton a travaillé, appelé par l’IFAO pour des missions épigraphiques, entre 1924 et 1932[3].

Michèle Juret

 


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1] J.P. Corteggiani, L’Egypte ancienne et ses dieux, Ed Fayard, Paris 2007, p.84-87

[2] Youri Vologhine « Les Bès dans les sanctuaires de la Vallée » dans Egypte Afrique Orient N° 94, 2019, p.36

[3]  Ibid, p. 40

 

Date de dernière mise à jour : 22/08/2020