?Les cercueils de la Troisième Période Intermédiaire se couvrent de scènes souvent complexes. Ce panneau permet d’admirer l’extrême richesse de cette iconographie. Une discontinuité dans le décor laisse supposer qu’il s’agit de trois fragments juxtaposés mais provenant probablement d’un même cercueil. Les différentes scènes apparaissent dans des tons de verts et de rouges et se détachent sur un fond ocre rappelant la couleur de l’or. Quelques détails sont soulignés de noir. Une frise, alternant uraei et plumes, couronne la partie supérieure. Une bordure composée de carrés et de rectangles, rouges et verts, encadre chaque scène.
Sur le fragment de droite Thot, patron des scribes et scribe des dieux, présente la défunte à Osiris, dieu des morts et de la renaissance. Osiris est assis devant une table d’offrande, sous un dais couronné d’une frise d’uréï. Derrière lui se tient debout une déesse non identifiée. On peut penser que cette scène se déroule après la « pesée du cœur ». La défunte a été jugée devant le tribunal des quarante dieux, son cœur, posé sur la balance ne pesait pas plus lourd que la plume de Maät. Elle a été déclarée « justifiée » c’est-à-dire sans fautes, digne d’entrer dans le royaume d’Osiris. Elle aura accès à sa seconde vie.
La scène centrale propose deux divinités momiformes, tournées vers la droite. Les méandres dessinés par un long serpent les séparent. La première divinité, celle de droite, à chair verte, est criocéphale. Le dieu Rê est souvent représenté ainsi. A gauche la seconde, acéphale, arbore à la place de la tête une plume. C’est probablement l’emblème de Chou, dieu de l’air et de la lumière. Les formules des textes des sarcophages permettraient au défunt de se transformer en Chou. Ce peut être aussi l’emblème de Maât, déesse de la vérité, de la justice, de l’ordre social.
La scène de gauche offre à notre regard une iconographie extrêmement intéressante. La défunte présente une offrande à Hathor qui, sous sa forme de bovidé, sort de la montagne, pour l’accueillir. Déesse aux multiples épithètes, Hathor apparaît ici en qualité de Maitresse de la nécropole de l’Occident. La partie inférieure à gauche est occupée par une représentation plus modeste mais comparable. Un oiseau-ba, âme de la défunte, lève les bras en un geste d’adoration vers Anubis, dieu funéraire, patron des embaumeurs, seigneur et gardien de la nécropole. Une petite table d’offrande est posée devant lui.
Michèle Juret
Bibliographie :
J.- P. Corteggiani. « L’Egypte ancienne et ses Dieux », pp ; 105-108, Ed. Fayard, 2007.
Catalogue de vente :Tajan, archéologie, Paris 29 octobre 2008
Date de dernière mise à jour : 30/03/2020