Février 2024

  • Le 26/02/2024

La Gazette de Février 2024

Voyage en Egypte : dans les pas d’Etienne DRIOTON !

Façade du Musée de Montgeron

Oui bien sûr me direz-vous ! Dès que vous visitez un site en Egypte, vous êtes dans les pas d’Etienne DRIOTON. Il y passa tant d’années à veiller sur les vestiges de cette prestigieuse civilisation !

Donc en ce mois de février, nous avons commencé notre périple (je n’ose dire pèlerinage) dans la région de Louxor et plus précisément par le temple de Karnak où Henri Chevrier avait confié au chanoine le soin de décrypter les blocs du petit temple de Taharqua. C’était lors de ses premières missions en Egypte, alors qu’il travaillait non loin à Médamoud. Poursuivant nos visites dans les tombes de la rive ouest, la Vallée des Rois rappelait qu’ E. Drioton, devenu Directeur du Service des antiquités d’Egypte, y avait accompagné et guidé le roi Farouk Ier lors du voyage inaugural de son règne en janvier 1937. Le temps nous a manqué pour tout visiter bien sûr mais les sublimes décors de ces parois de tombes rappelaient son engagement pour leur conservation avec la création du Service de restauration. C’était en 1942.

Plus au sud, au temple d’Edfou, ce fut l’occasion d’admirer ces reliefs évoquant le combat d’Horus contre Seth, identifiés par le chanoine comme étant des scènes de représentations théâtrales jouées lors des grandes fêtes d’Horus.

Enfin nous sommes descendus jusqu’à Philae. Là me revint en mémoire que, alors que le temple était submergé pendant dix longs mois chaque année par les eaux du Nil, en 1937 E. Drioton avait proposé au roi de le déménager sur l’île d’Awad. Ce projet semblait pharaonique pour l’époque mais le souverain s’était montré très intéressé. Aujourd’hui Philae se dresse au milieu du fleuve sur l’île d’Agilkia, sauvée des eaux, fière de ses monuments.  Mais l’afflux de touristes la prive un peu du charme que lui conférait ce côté exceptionnel d’un site émergeant du Nil épisodiquement, pour quelques amateurs privilégiés mais inquiets de son devenir.

 Puis nous sommes remontés vers le nord. A Saqqarah j’imaginais Drioton conversant avec Jean-Philippe Lauer sur les problèmes de reconstitution du complexe funéraire du roi Djéser ou sur les mastabas nouvellement découverts aux alentours. A Giseh le site a bien changé depuis le temps où il visitait les fouilles. Les photos qu’il réalisa à l’époque montrent les ouvriers s’affairant près des pyramides, un train de vagonets attend d’évacuer les déblais. Aujourd’hui une route goudronnée permet aux taxis, calèches, chevaux et chameaux d’acheminer les touristes, sans compter les quelques marchands installés non loin de Mykérinos.

Enfin nous avons poursuivi notre périple au Caire, au Musée égyptien de la place el-Tahir. Il est en plein déménagement ! beaucoup d’œuvres ont été transférées au nouveau « Grand Egyptian Museum ». Cependant nous avons eu la joie d’admirer le trésor de Psousennès Ier provenant de Tanis. Il me revint en mémoire les lettres que Pierre Montet écrivait à E. Drioton au fil de ses découvertes : trois tombes royales inviolées et la tombe du général Oundebaounded livraient leurs fabuleux trésors. La beauté de ce sarcophage d’argent de Psousennès Ier, m’a émerveillée autant que l’extrême délicatesse de la vaisselle d’or. Mais là !  No photo  me dit-on d’un ton sec !  Alors, au fil du parcours dans les salles, je retrouvais quelques oiseaux-ba, gages de survies pour les défunts, ceux du Livre des Morts de Kha, ceux de Youya…

Enfin, au cœur du quartier copte nous avons reconnu le style des quelques meubles que le chanoine avait rapporté d’Egypte. Ils sont aujourd’hui au Musée Josèphe Jacquiot : son autel, le bureau, le moucharabieh, la sellette…Nous étions bien à n’en pas douter dans les pas d’Etienne DRIOTON.

Michèle Juret